Futur vol au repêchage LNH en raison d'un terrible virus? L'histoire de ce talentueux défenseur québécois

Publié le 25 avril 2020 à 11h33
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Vous avez probablement déjà lu ou entendu la fameuse phrase spécifiant que le repêchage est une science inexacte. En effet, cette affirmation est un peu plus vraie lorsqu'on constate que des choix élevés au repêchage, comme Nail Yakupov ou encore Alexandre Daigle, n'ont jamais réussi à percer à la hauteur de leur talent dans la grande ligue. Alors qu'au contraire, certains joueurs repêchés dans les rondes lointaines finissent par devenir de véritables vedettes, soit à l'image des Johnny Gaudreau (4e ronde), Jamie Benn (5e ronde) ou bien Pavel Datsyuk (6e ronde), pour ne nommer que ceux-là.



Cela dit, ce n'est qu'après plusieurs années suivant une édition d'un encan que l'on peut vraiment constater quelle équipe de recruteurs au travers le circuit a lamentablement échoué dans sa mission ou encore celle qui se donne des airs de génie avec une sélection tardive, alors que le développement d'un athlète se fait sur plusieurs années.

Néanmoins, cela n'empêche pas certains hommes de hockey de voir grand en certains espoirs classés plus loin par la Centrale et c'est le cas du directeur général des Sea Dogs de St.John, Trevor Georgie, au sujet de l'un de ses protégés :



Rejoint par le tvasports.ca, le DG des Sea Dogs n'en revient tout simplement pas que le meilleur pointeur chez les défenseurs de la LHJMQ - vous avez bien lu - avec 58 points en 64 matchs puisse être qualifié de joueur sous-estimé en vue du prochain encan, surtout lorsqu'il considère son grand potentiel :

« Je ne suis pas un recruteur de la LNH, et il y a beaucoup de gens intelligents dans le milieu, mais, à mon sens, il est sous-estimé. Quand on y pense, c'est incroyable qu'on puisse qualifier de sous-estimé le défenseur le plus productif de la LHJMQ cette saison. »

C'est qu'au moment de publier sa liste finale en vue de l'édition de 2020, la Centrale de recrutement de la LNH est allée aussi loin qu'au 99e rang pour répertorier le jeune arrière sherbrookois dans son palmarès. Lorsqu'on consulte le principal intéressé, ce dernier affirme que le fait d'être sous-estimé le force à mettre les bouchées doubles :

« Je m'y attendais un peu, sincèrement. Ça fait depuis le début de l'année que la Centrale ne me met pas super haut. C'est une petite surprise, mais je m'y attendais quand même. Je ne m'en fais pas trop avec les différents classements. Ça me pousse à travailler encore plus fort. »

Pourtant, William Villeneuve n'a pas toujours été un négligé, lui qui fut le deuxième choix au total, derrière Hendrix Lapierre, au repêchage de 2018 dans le circuit Courteau. Cela dit, comment expliquer qu'un arrière aussi talentueux peut être en si basse estime auprès des recruteurs de la LNH? Une histoire abracadabrante est à l'origine de cette descente.

Évoluant pour une formation en reconstruction l'an dernier pour la saison 2018-19, Villeneuve était forcé, à seulement 16 ans, d'évoluer contre les meilleurs trios adverses alors qu'il commençait à peine à s'acclimater au junior majeur. Cependant, là où l'histoire se corse, c'est qu'au retour des Fêtes, le jeune Québécois a été victime d'une mononucléose, ce qui a ralenti sa progression autant physiquement que sur la patinoire, si bien qu'au moment d'écrire ces lignes, bien qu'il possède une dimension intéressante à 6 pieds 1 pouce, il fait osciller la barre à seulement 175 livres, ce qui fait reculer certains recruteurs à son égard.

Et pourtant, selon Georgie, cela ne rend pas son protégé moins bon pour autant, alors que son potentiel commence tout juste à surgir :

« Au début, il croyait qu'il était simplement fatigué, raconte Georgie. C'est fou. Considérez le temps que ça prend, récupérer d'une mononucléose. Combien de temps après une mono peux-tu vraiment retrouver ta meilleure forme et ajouter du muscle à ta charpente? Physiquement, c'était une période de 12 mois difficile pour Will. Je crois qu'il ne fait qu'effleurer son potentiel. Tu commences tout juste à voir ce qu'il est en mesure de faire. »

Le DG poursuit en mentionnant que la prochaine période estivale sera déterminante pour la carrière de Villeneuve :

« Cet été, il pourra prendre du muscle sans être ralenti par quelque chose comme la mononucléose. Je crois que tu verras une amélioration encore plus substantielle de sa part l'an prochain », prédit-il.

D'ailleurs, le principal intéressé reconnait que son intensité dans la salle de gym sera plus que déterminante :

« C'est l'été le plus important de ma vie. C'est essentiel d'ajouter un peu de poids à cette grande charpente-là. Si je deviens plus fort, mon explosion sera bien meilleure. Je serai aussi plus rapide dans mes batailles à un contre un devant le filet. Ce sera plus facile pour moi de tasser les gars. »

Qui plus est, Villeneuve croît que sa mentalité de gagnant pourrait apporter gros à une équipe, lui qui s'inspire d'un récent vainqueur de la Coupe Stanley en Alex Pietrangelo dans son jeu :

« Je suis un gagnant. J'ai gagné depuis que je suis jeune. Je dois aussi rester moi-même. La "game" que j'ai jouée depuis que je suis jeune m'a amené où j'en suis aujourd'hui. »

Son DG abonde d'ailleurs en ce sens :

« William prend ça très à c½ur. Les défaites, il les prend de façon très personnelle. Certaines personnes mettront le blâme sur 10 différentes choses quand elles perdent. William porte le fardeau de la défaite comme si c'était lui qui avait perdu pour tout le monde. Il a des qualités de leader. »

Après avoir lu ces lignes, disons qu'il serait intéressant que le CH se serve de l'un de ses trois choix de deuxième tour au prochain repêchage pour réclamer le défenseur droitier de 18 ans. Or, selon ce dernier, les membres du Tricolore n'ont pas démontré une affection bien significative à son égard, même si, comme tout bon Québécois, cela représenterait un rêve pour lui d'endosser l'uniforme Bleu-Blanc-Rouge :

« Je n'ai pas senti un intérêt particulier. J'ai eu une petite entrevue avec un de leurs recruteurs, Donald Audette. »

« Le CH est l'équipe de mon enfance, donc c'est un rêve. C'est sûr que ce serait spécial. Mais lorsque tu arrives à un tel niveau, ce qui importe, c'est juste d'être sélectionné par une équipe qui va croire en toi. Au bout du compte, le repêchage, c'est juste un numéro. C'est le travail après qui compte. »

Bref, on sent dans les propos du jeune homme que le fait d'être négligé à ce point le ronge particulièrement. C'est dans des situations comme celle-ci qu'on reconnait la force de caractère des jeunes espoirs et il présente toutes les caractéristiques mentales nécessaires pour travailler sans relâche et potentiellement devenir le vol tant espéré par son DG.

Ceci dit, le meilleur pointeur chez les défenseurs du circuit Courteau - et à toutes positions confondues chez les Sea Dogs - pourrait bien s'inspirer de plusieurs défenseurs sélectionnés après le premier tour. Pensons seulement ici à Shea Weber (2e ronde, 49e au total), P.K. Subban (2e ronde, 47e au total), Kris Letang (3e ronde, 63e au total), Roman Josi (2e ronde, 38e au total) ou encore John Klingberg (5e ronde, 131e au total).
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