Une théorie sur les performances du Rocket?

Publié le 27 mai 2020 à 16h36
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Considéré comme l'un des meilleurs buteurs de l'histoire de la Ligue nationale de hockey, Maurice Richard peut se vanter aujourd'hui que le trophée remis au meilleur marqueur de la saison porte son nom. Toutefois, un journaliste de Radio-Canada s'est questionné sur les accomplissements de celui qu'on surnomme le Rocket.



Est-ce que Maurice Richard et le Tricolore auraient connu autant de succès dans les années 40 si la Deuxième Guerre mondiale n'avait jamais eu lieu? C'est la question que s'est posé le journaliste de Radio-Canada Alexandre Gascon.




Le journaliste attitré à la couverture des Canadiens de Montréal est remonté dans les années 40, parce qu'à ce moment bien précis, la LNH songeait à cesser ses activités en raison de la Deuxième Guerre mondiale qui sévissait de l'autre côté de l'Atlantique.

C'est pourtant dans ces années que le mythe du Rocket a bien débuté. Dès 1942, l'attaquant québécois fait ses premiers coups de patins dans la meilleure ligue au monde. À cette époque, le service militaire n'était pas obligatoire pour les joueurs canadiens. De plus, ils représentaient une forte majorité. Au total, 135 des 143 joueurs de la LNH se retrouvaient de ce côté-ci de la frontière partagée avec les Américains. Au pays de l'oncle Sam, le service militaire était obligatoire. La plupart des joueurs du baseball majeur avaient fait leurs bagages pour aller prêter main forte à la force militaire américaine.

Même si la majeure partie des joueurs reviennent au jeu dès l'été 1942, certaines vedettes du circuit dans les formations des Bruins de Boston, des Maple Leafs de Toronto et des Rangers de New York ne peuvent prendre part aux parties de la ligue. Plusieurs joueurs talentueux alignés avec l'équipe montréalaise évitent l'enrôlement obligatoire. Il n'en fallait pas plus pour provoquer l'ire des partisans des autres villes de la ligue.

« On se plaignait surtout à Toronto. Conn Smythe, directeur général des Leafs et héros de la Première Guerre mondiale, voulait que ses joueurs aillent à la guerre. Smythe était un patriote pur et dur. À l'époque, beaucoup de gens étaient encore très attachés à la couronne et se considéraient presque autant citoyens britanniques. Alors, il ne se plaignait pas de ce qui arrivait à son équipe, il se plaignait que la même chose n'arrive pas aux autres équipes, notamment au Canadien », raconte Jean-Patrice Martel, ancien président de la Société internationale de recherche sur le hockey, à la société d'état.

C'est à ce moment que le Tricolore deviendra une puissance dans la ligue. L'équipe remportera la Coupe Stanley en 1944, puis deux ans plus tard, en 1946. Le Rocket aurait même tenté de joindre les Forces armées canadiennes (FAC) à deux reprises, même trois selon certaines sources. Ses blessures subies lors de sa première saison l'ont empêché de s'enrôler la première fois, puis la seconde fois, ce dernier voulait joindre l'armée comme machiniste, mais il n'avait pas les qualifications nécessaires. Il a été renvoyé à la maison.

Il aura finalement inscrit 544 buts en 978 parties de saison régulière. Il est vrai d'affirmer que sa meilleure saison en tant que buteur est survenue en 1944-1945, alors qu'il a marqué à 50 reprises dans le filet adverse, et ce, en autant de parties disputées. Cet exploit demeure le plus spectaculaire de l'histoire par un hockeyeur francophone. Malgré des saisons plus courtes qu'aujourd'hui, le Rocket a connu neuf saisons de plus de 30 buts, dont quatre campagnes de plus de 40 buts.

Grâce à sa contribution offensive, il a permis aux siens de participer à 13 reprises à la finale de la Coupe Stanley, dont huit fois où il a pu soulever le prestigieux trophée. C'est donc dire que la Deuxième Guerre mondiale n'aura pas eu autant d'effets sur la carrière du Rocket qu'il est prétendu dans le texte.
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