Le déclin de P.K. Subban en chiffres

Depuis 2018, la carrière de PK Subban est en déclin. Aujourd'hui, il n'est plus le défenseur flamboyant qui faisait vibrer le Centre Bell quand il touchait la glace. Il se cherche autant défensivement qu'offensivement. Cette saison, avec les Devils, il n'avait que 18 points avant que la saison soit interrompue en raison de la COVID-19, saison que l'on peut qualifier de catastrophique.

Les analystes peuvent observer son déclin en le regardant jouer et en regardant les statistiques habituelles qu'ils ont sous la main. Petite précision requise ici, quand j'écris « statistiques habituelles » dans cet article, je parle des statistiques que l'on peut retrouver sur le site de la LNH telles que le nombre de tirs cadrés, bloqués, tentés vers le filet, temps sur la patinoire, revirements, etc.En 2020, les statistiques avancées permettent d'avoir des données plus spécifiques sur certaines facettes des joueurs qui permettent aux entraîneurs de mieux analyser et améliorer la performance de leurs athlètes. Dans le cas de Subban, les chiffres fournis par « Sportlogiq » corroborent le déclin de ses performances observé par les experts. L'étude est réalisée en fonction des autres défenseurs dans la LNH et analyse les jeux offensifs générés, les jeux en transition, le nombre d'entrées en zone défensive arrêtées, le nombre de revirements en zone défensive, la force de ses adversaires, et le ratio de réussite/échec.



D'abord, un peu d'explications s'imposent. À gauche de l'image, on peut voir le centile, c'est-à-dire le pourcentage de l'échantillonnage de la population égale ou inférieure à la valeur donnée. Entre d'autres mots, si parmi tous les défenseurs, un joueur est dans le 55e centile, cela veut dire que 55% de ses homologues sont égaux ou pires que lui dans cette catégorie.

La première donnée nous permet de voir le centile de jeux offensifs générés. En quatre ans, P.K. est passé du 99e centile à un peu moins de 60 %. En d'autres mots, il est passé de excellent à moyen dans cette catégorie quand on le compare avec les autres défenseurs de la ligue. Cependant, il faut faire attention. Avec les Canadiens, il jouait régulièrement sur la première paire de défense ainsi que sur la première vague en avantage numérique. À Nashville toutefois, il a été confiné la plupart du temps à la deuxième vague, ce qui pourrait expliquer la baisse. Cependant, grâce aux données recueillies cette saison, on peut réellement constater une baisse de régime de la part de Subban. Il génère plus d'offensive que seulement 60% des défenseurs, alors qu'il joue beaucoup avec les Devils et que c'est un défenseur reconnu pour son flair offensif.

La deuxième donnée nous permet de voir qu'il réussit moins de jeux en transitions que les autres défenseurs en 2020, étant meilleur qu'un peu moins de 80% de ses homologues. En 2015-2016, il était confronté aux meilleurs joueurs adverses, mais réussissait à afficher un excellent centile de 91. Oui, c'est vrai, avec les Devils, l'opposition est plus forte qu'en 2016 (voir la sixième statistique), ce qui pourrait expliquer la baisse, mais l'année 2018-2019 nous montre qu'il ne réussit plus comme avant. En effet, durant cette saison, la force des adversaires était similaire à celle de 2015-2016, mais il a affiché son pire centile en quatre ans, soit un peu plus de 50%.

Là où on peut réellement voir une baisse de régime, c'est dans les entrées de zone défensive qu'il arrive à arrêter. À sa dernière saison avec les Canadiens, il réussissait mieux dans cette catégorie que 50% de ses homologues, alors qu'en 2019-2020, il n'est meilleur que de 5% des autres défenseurs. Cela veut donc dire qu'il n'arrive pas à arrêter les attaques adverses, donc qu'il passe plus de temps en zone et donc qu'il commet plus de revirements. Les données recueillies montrent que son nombre de revirements a aussi monté, ce qui corrobore ma conclusion. Il ne faut toutefois pas oublier que l'opposition qu'il affronte soir après soir est plus forte avec les Devils.

En conclusion, en 2020, selon les chiffres, P.K. Subban est un défenseur plus prudent qu'avant comme le montre la diminution de son nombre de chances offensives générées et de ses transitions. Cependant, il commet plus de revirements, causés en grande partie par le temps supplémentaire passé en territoire défensif. Ce temps additionnel est causé par son incapacité à stopper l'attaque adverse à sa ligne bleue.

Les données sont ce qu'ils sont, des chiffres et des graphiques sur des feuilles de papier, elles peuvent parfois expliquer et confirmer des tendances observées par des analystes. Cependant, il faut les prendre avec un grain de sel, car au fond, le sport est joué par des humains et non par des machines. Plusieurs d'autres facteurs peuvent expliquer les résultats obtenus par des compagnies comme « Sportlogiq ».

Crédit : Sportsnet