Un ancien analyste du développement des joueurs ne mâche pas ses mots à l'endroit du CH

Publié le 28 mai 2020 à 22h34
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Beaucoup d'équipes de la LNH ont encore du mal à trouver et à repêcher les bons joueurs. Peut-être est-ce simplement parce qu'ils n'ont pas les outils nécessaires pour devenir des vedettes dans le circuit Bettman? Il existe une multitude de candidats talentueux qui, pour une raison ou une autre, n'ont jamais obtenu un réel impact au niveau de la LNH. Les raisons peuvent aller du manque d'effort, à joueur surestimé, à la taille, à la compétitivité etc. Parfois, l'évaluation d'un joueur junior est complètement faussée. D’autres fois, c'est le système de développement qui est à blâmer.



Lorsque l’on regarde dans l’organisation des Canadiens de Montréal depuis 2010, six joueurs sélectionnés au premier tour ont été échangés. Aujourd’hui, combien de hockeyeurs peut-on considérer comme ayant été développé par l’organisation et qui ont connu un certain succès? Deux, trois... peut-être? N’en demeure pas moins que les avis sur cette question sont loin d’être unanimes d’un amateur à l’autre.

Selon le Québécois Jack Han ayant agi à titre d’analyste du développement des joueurs avec les Maple Leafs de Toronto pendant deux ans, le Tricolore n’est pas le même bateau que ses adversaires au niveau développement.


« Pour certaines équipes, ça veut dire repêcher un gars et envoyer quelqu’un de ton organisation trois fois par année souper avec lui et discuter. Nous, on essayait d’identifier les embûches spécifiques à chaque joueur : le coup de patin, le positionnement des mains ou des coudes dans le maniement de la rondelle, le lancer, le sens du jeu... Ça peut être une prise de risque trop élevée ou trop peu élevée, peu importe, tout le monde a un profil différent », a-t-il mentionné lors d’un entretien à TVA Sports.

« Pour nous, le développement consistait à cibler les embûches et les enlever systématiquement, mentionne Han. Donc, un joueur qui n’a pas de talent, ça ne sert à rien de le développer. Ça ne le mènera nulle part. Un joueur avec du talent, mais aussi certaines faiblesses, si tu le développes, il va atteindre son plein potentiel. Si tu ne le développes pas, il se ramasse comme Alex Galchenyuk, Charles Hudon, Jarred Tinordi, Michael McCarron, Nathan Beaulieu, Zach Fucale. »

Jack Han ne travaille plus pour l’organisation torontoise. Il s’attarde présentement sur l’écriture d’un livre où il y aura un chapitre consacré aux nombreux échecs du CH en termes de développement. Comme tout bon amateur du Bleu-blanc-rouge, ce sont des échecs décourageants qui soulèvent de nombreuses questions.

« Les Canadiens ne sont pas capables d’identifier les embûches et ça me frustre beaucoup, car j’ai évidemment grandi en regardant cette équipe », a-t-il poursuivi. Mais aussi parce que ça donne vraiment un mauvais exemple au reste de la province, aux jeunes entraîneurs et aux jeunes hockeyeurs qui ne comprennent pas pourquoi les joueurs qu’ils aiment ne percent pas. À l’interne, il n’y a pas de prise de conscience par rapport à ça. »

Celui qui a contribué à la conception d’un programme de développement fascinant et avant-gardiste pour les Maple Leafs a également fait part des ses craintes face à l’avenir de Ryan Poehling. L’une des facettes de son ancien travail consistait à analyser les jeunes athlètes, chose à laquelle il s’est attardé la saison dernière avec l’attaquant du Rocket de Laval.

« Je considère qu’il va avoir beaucoup de problèmes. Il y a plusieurs carences dans son jeu avec la rondelle. S’il essaie de faire un jeu à une certaine vitesse, en mouvement, sous pression, il va perdre le disque », a-t-il expliqué.

Selon Han, l’Américain a de la difficulté à dissocier son haut et son bas du corps, ce qui fait en sorte qu’il est maladroit avec la rondelle. Viennent ainsi les revirements et donc moins de responsabilités de la part de l’entraîneur.

« Quand tu fais des revirements, le coach dit : "Simplifie ton jeu, dompe la rondelle." Si on ne le développe pas et on lui dit juste de domper la rondelle, ça va devenir un dompeux de rondelle. Et un dompeux de rondelle, tu peux en avoir sur ton quatrième trio, mais plus haut que ça, tu n’en trouveras pas. Si on ne le développe pas dès maintenant, il va devenir un joueur de quatrième trio et on va l’échanger contre un Laurent Dauphin », a-t-il conclu.

Crédit : TVA Sports
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