Le racisme : un sujet encore très tabou dans le monde du hockey

Publié le 24 mai 2020 à 12h49
PAR MATHIEU FOURNIER

Plus tôt cette année, l’ancien entraîneur-chef des Flames de Calgary a fait les manchettes pour ses gestes et ses commentaires à caractère raciste envers l’ancien choix de deuxième ronde en 2007 Akim Aliu. Tous croiront qu’en 2020 des gestes et des paroles de ce genre ne sont plus chose courante, mais détrompez-vous!

Malheureusement, lors d’une entrevue à TSN « in Depth », l’attaquant des Sharks de San José Evander Kane et le jeune attaquant Myles Douglas des Rangers de New York (midget AAA) ont discuté en compagnie de Rick Westhead et de Mark Masters du racisme toujours très présent dans le monde du hockey.



Voici un extrait de leur discussion :

Rick Westhead : Au cours d’une saison, combien de fois es-tu (Myles Douglas) la cible de racisme?

Myles Douglas : Je dirais que quelqu’un passe un commentaire un match sur deux. Plus souvent dans le coin de la patinoire, soit parce que je dérange un joueur ou si je frappe quelqu’un et que ça le fâche, alors on va me traiter de plusieurs noms. Je ne peux pas vraiment répliquer sinon je peux me faire sortir aussi.

Rick Westhead : Quelle est ta réaction sur le moment?

Myles Douglas : Je ne fais pas grand chose. Je regarde le joueur et je dis : "wow, tu viens vraiment de dire ça?" Mais je n’en rajoute pas et je m’en vais. Je garde son numéro en mémoire et si je le vois dans le coin de la patinoire plus tard, je vais le frapper contre la bande et ça s’arrête là. »

Mark Masters : Qu’est-ce que les gars disent, si ça ne te dérange pas d’en parler?

Myles Douglas : On utilise le « N-word » ou on me dit que je ne devrais pas être ici, ce genre de choses.

Rick Westhead : Est-ce que les autres joueurs autour entendent?

Myles Douglas : Personne ne l’entend vraiment et ils ne peuvent pas faire grand chose s’ils ne l’entendent pas, alors ça ne me sert pas vraiment à rien d’avertir les arbitres.

Rick Westhead : Est-ce que tu en parles à tes entraîneurs?

Myles Douglas : Je ne pense pas qu’ils peuvent faire quoi que ce soit non plus. Ils vont dire aux arbitres d’être attentifs, c’est déjà arrivé, mais les joueurs vont simplement me parler quand les arbitres ont le dos tourné ou qu’ils ne peuvent rien entendre. Donc non, je n’en ai jamais vraiment parlé aux entraîneurs ou aux arbitres.

Rick Westhead : Evander, qu’est-ce que tu penses de ce que tu viens d’entendre?

Evander Kane : Je ne suis pas surpris. Les gens ne veulent pas admettre que ça arrive encore aujourd’hui. Ils se ferment les yeux, font comme si ça n’existe pas. J’apprécie le fait qu’il soit capable de partager cette histoire à son âge et qu’il n’ait pas peur de parler haut et fort. Ce qui me déçoit quand j’écoute Myles, c’est qu’il a l’impression que ses propres entraîneurs ne peuvent pas vraiment agir même s’ils sont de son côté et qu’ils prennent probablement ça au sérieux, qu’ils aient entendu les commentaires ou non. On n’invente pas ça. [...] C’est décevant d’entendre qu’il a l’impression que rien ne peut être fait pour changer la situation. Je me sens de la
même façon. Ça m’est arrivé en séries au Colorado. Un partisan me criait toutes sortes d’insultes et j’ai averti l’arbitre, mais rien n’a été fait. Je le comprends, j’ai déjà été la cible de racisme et je sais que beaucoup de joueurs qui me ressemblent le sont aussi. »

Crédit: RDS
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24 Mai   |   153 réponses
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